Tolstoï - La Mort d'Ivan Illitch
La journée se compose de vingt-quatre heures, et chaque heure est un supplice.
Je ne serai plus. Mais qu'y aura-t-il donc ?... Rien du tout. Et où serai-je,
quand je ne serai plus ? Est-ce la mort ?... Oh ! Je ne veux pas !
Et toujours plus près du gouffre. Moins de forces. Et le gouffre tout proche.
Je dépéris : plus de lumière dans les yeux.
Toujours la même chose... Une lueur d'espoir qui sombre aussitôt dans
un océan de découragement, dont les flots enflent, montent... La douleur,
encore la douleur, toujours la douleur... Tristesse et nostalgie sans fin...
De nouveau, les minutes succédèrent aux minutes, et les heures aux heures...
Et le terme toujours plus proche, plus effrayant...
Seule l'enfance trouvait grâce : elle seule valait d'être vécue si
la vie revenait.
Qu'est-ce que cela signifie ?... Pourquoi?... Ce n'est pas possible !... Il ne se peut
pas que la vie soit aussi laide, stupide !
Peut-être n'ai-je pas vécu comme je devais vivre ?
Ivan Illictch aspira une bouffée d'air, s'arrêta à mi-souffle,
étira ses membres et mourut.
Tolstoï - Maître et serviteur
Travaille ! Et Dieu t'aidera.
La pensée qu'il pouvait, qu'il devait même vraisemblablement périr
cette nuit, lui vint à l'esprit ; mais cette pensée ne lui parut pas
très désagréable, ni trop effrayante. Elle ne lui parut pas trop
désagréable, parce que son existence n'avait nullement été
une fête continuelle, mais avait été au contraire une servitute
incessante et dont il commençait à être las.
Il ne savait pas s'il mourait ou s'il s'endormait, mais il se sentait prêt aussi
bien à l'un qu'à l'autre.
Et Vassili Andréitch après cela ne vit, n'entendit, ne sentit plus rien
dans ce monde.
C'est pénible, cependant. Mais on ne meurt pas deux fois. Pourvu que cela ne
traîne pas !
A-t-il éprouvé une déception ou bien a-t-il trouvé
là-bas précisément ce qu'il attendait et espérait ?
Nous le saurons tous bientôt.
Tolstoï - Trois morts
Les feuilles luisantes, calmes, murmuraient dans les cimes, et les branches des arbres
vivants s'agitaient lentement, majestueusement au dessus de l'arbre abattu, mort.
Tolstoï - Autres
Quand on réfléchit que la mort est la fin de tout, il n'y a rien de pire que la vie.