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Spinoza - L'Ethique



Par Dieu, j'entends un être absolument infini, c'est-à-dire une substance consistant en une infinité d'attributs, dont chacun exprime une essence éternelle et infinie.

Il n'est rien, au contraire, de plus claire dans la nature que ceci : chaque être doit être conçu sous quelque attribut, et plus il possède de réalité ou d'être, plus il possède d'attributs qui expriment et la nécessité, autrement dit l'éternité, et l'infinité ; et en conséquence, l'être absolument infini doit être nécessairement défini comme un être constitué par une infinité d'attributs, dont chacun exprime une certaine essence éternelle et infinie.

Dieu ne produit pas ses effets par la liberté de sa volonté.

Ils finissent donc par considérer toutes les choses naturelles comme des moyens pour leur utilité propre. Et comme ils savent que ces moyens, ils les ont trouvés, mais ne les ont pas agencés eux-mêmes, ils y ont vu une raison de croire qu'il y a quelqu'un d'autre qui a agencé ces moyens à leur usage.

Pour montrer maintenant que la Nature n'a aucune fin qui lui soit d'avance fixée, et que toutes les causes finales ne sont que des fictions humaines, je n'aurai pas besoin de longs discours.

Et ils ne cesseront ainsi de vous interroger sur les causes des causes, jusqu'à ce que vous vous soyez réfugié dans la volonté de Dieu, cet asile de l'ignorance.

Après s'être persuadé que tout ce qui arrive, arrive pour eux, les hommes ont dû juger que, dans chaque chose, le principal est ce qui leur est le plus utile, et estimer les plus excellentes toutes celles dont ils étaient le plus heureusement affectés. Ainsi ont-ils été conduits à former ces notions par lesquelles ils disent expliquer les natures des choses, à savoir le Bien, le Mal, l'Ordre, la Confusion, le Chaud, le Froid, la Beauté et la Laideur; et du fait qu'ils s'estiment libres, sont nées les notions suivantes : la Louange et le Blâme, la Faute et le Mérite.

L'harmonie a fait perdre la raison aux hommes, n'ont-ils pas crus que Dieu aussi en était ravi ! Il y a même eu des philosophes pour croire que les mouvements célestes composent une harmonie.

Les hommes, donc, se trompent en ce qu'ils pensent être libres; et cette opinion consiste uniquement pour eux à être conscients de leurs actions, et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés.

Et, bien entendu, la plupart des erreurs consistent en cela seul que nous ne donnons pas correctement leurs noms aux choses.

Il n'y a dans l'esprit aucune volonté absolue ou libre; mais l'esprit est déterminé à vouloir ceci ou cela par une cause.

Chaque chose, selon sa puissance d'être s'efforce de persévérer dans son être.

Chacun a naturellement le désir que les autres vivent selon son naturel à soi, et comme tous ont un pareil désir, ils se font pareillement obstacle ; et comme tous veulent être loués ou aimés par tous, ils se haïssent réciproquement.

Il semble donc que les hommes sont beaucoup plus prêts à la vengeance qu'à rendre un bienfait.

Ainsi, nous sommes agités de bien des façons par les causes extérieures et, pareils aux flots de la mer agités par des vents contraires, nous flottons, inconscients de notre sort et de notre destin.

L'homme soumis aux sentiments ne dépend pas de lui-même, mais de la fortune, dont le pouvoir sur lui est tel qu'il est souvent contraint de faire le pire même s'il voit le meilleur.

Celui qui a résolu de faire une chose et l'a achevée dira que cette chose est parfaite; et non seulement lui-même le dira, mais encore quiconque connaît exactement, ou croît connaître l'idée et le but de l'auteur de cette œuvre.

La force par laquelle l'homme persévère dans l'existence est limitée, et elle est surpassée infiniment par la puissance des causes extérieures.

Dans la mesure où les hommes sont soumis aux passions, on ne peut pas dire qu'ils s'accordent par nature.

La gaîté ne peut être excessive, mais est toujours bonne ; la mélancolie, au contraire, est toujours mauvaise.

Mais, en réalité, l'avarice, l'ambition, le désir sexuel, etc., sont des sortes de délire, quoiqu'on ne les range pas dans les maladies.

Les sentiments d'espoir et de crainte ne peuvent être bons par eux-mêmes.

La satisfaction intérieure est en réalité ce que nous pouvons espérer de plus grand.

L'humilité n'est pas une vertu, autrement dit elle ne naÓt pas de la Raison.

Qui est conduit par la crainte et fait le bien pour éviter le mal, n'est pas conduit par la Raison.

Si l'esprit humain n'avait que des idées adéquates, il ne formerait aucune notion du mal.

L'homme libre ne pense à rien moins qu'à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie.

Si les hommes naissaient libres, ils ne formeraient aucun concept du bien et du mal, aussi longtemps qu'ils seraient libres.

L'homme qui est conduit par la Raison est plus libre dans l'Etât où il vit selon le décret commun, que dans la solitude où il n'obéit qu'à lui seul.

Dans la vie, il est avant tout utile de parfaire l'entendement, autrement dit la Raison, autant que nous le pouvons, et en cela seul consiste la souveraine félicité ou béatitude de l'homme.

Les âmes ne sont pas vaincues par les armes, mais par l'amour et la générosité.

Les facultés d'un seul homme sont trop limitées pour qu'il puisse se lier d'amitié avec tous.

Aussi est-il certain que les plus avides de gloire sont ceux qui crient le plus sur le mauvais usage qu'on en fait et sur la vanité du monde.

Dieu est exempt de passions et n'est affecté d'aucun sentiment de joie ou de tristesse.

Dieu n'aime au sens propre du terme personne et ne hait personne.

Personne ne peut haïr Dieu.

Qui aime Dieu ne peut faire effort pour que Dieu l'aime à son tour.

La puissance de l'esprit se définit par la seule connaissance.

L'esprit ne peut rien imaginer et ne peut se souvenir des choses passées que pendant la durée du corps.

L'esprit humain ne peut être absolument détruit avec le corps, mais il en subsiste quelque chose qui est éternel.

Il n'est pas possible que nous nous souvenions d'avoir existé avant le corps, puisque aucune trace n'en peut rester dans le corps, et que l'éternité ne peut être définie par le temps ni avoir aucune relation au temps. Mais néanmoins nous sentons et faisons l'épreuve que nous sommes éternels.

Plus nous comprenons les choses singulières, plus nous comprenons Dieu.

D'où suit qu'aucun amour, sauf l'amour intellectuel, n'est éternel.

Dieu s'aime lui-même d'un amour intellectuel infini.

Le sage, - considéré comme tel, - dont l'âme s'émeut à peine, mais qui, par une certaine nécessité éternelle, est conscient de lui-même, de Dieu et des choses, ne cesse jamais d'être, mais possède toujours la vraie satisfaction de l'âme.

Car comment serait-il possible, si le salut était là, à notre portée et qu'on pût le trouver sans grande peine, qu'il fût négligé par presque tous ? Mais tout ce qui est précieux est aussi difficile que rare.