Lochak - La géométrisation de la Physique
Les astronomes -et plus tard les physiciens- se sont largement laissés guider dans leurs choix initiaux par des critères à priori, souvent esthétiques, presque magiques, même lorsqu'ils admettent, aujourd'hui, que l'observation est souveraine.
L'héliocentrisme est sans doute l'une des idées les plus géniales de l'esprit humain, tant elle est contraire à notre vision immédiate des choses.
Il est des victoires de la science qui tombent comme la foudre.
Quel que soit le mérite de quelques géniaux précurseurs, la science moderne n'a vraiment commencé qu'avec Newton.
Le progrès en mathématique consiste, pour une part, à transformer en méthode ce qui a été découvert par un exploit de l'imagination, à trivialiser aujourd'hui ce qui était génial hier et à repousser toujours plus loin l'endroit où commence le génie.
Les théoriciens ont tendance à ne retenir que les recettes qu'on leur offre en oubliant les idées qui leur ont donné naissance.
Qui connaît mieux la géométrie : la lumière ou nous ?
Einstein nous dit en somme que l'espace qui nous entoure n'est pas plat, mais courbe, qu'il n'est pas euclidien mais riemannien et que sa courbure locale dépend de l'intensité du champ de gravitation.
La matière, comme la lumière, suivent des géodésiques de l'espace de Riemann créé par le champ de gravitation.
... le fameux système des dix équations d'Einstein qui décrivent la géométrie de l'espace-temps, c'est-à-dire l'espace de Riemann engendré par le champs de gravitation.
La matière ne serait pas simplement la cause de la courbure de l'espace-temps, elle serait cette courbure elle-même.
Ce qui apparaît à l'expérience sous la forme d'un corpuscule ne serait qu'une petite région dans laquelle l'onde est beaucoup plus intense qu'ailleurs.
Pourquoi ne pas admettre que les véritables géodésiques de l'univers sont celles que suit la lumière et non les droites que nous ne sommes même plus capables de définir par l'observation ?
Mais ce progrès n'est pas sans danger parce qu'il nous éloigne du réel.
La physique est une science expérimentale et il n'existe ni hypothèse ni théorie qui s'impose absolument.
Le rôle principal des mathématiques est structurel et consiste à donner à la théorie un squelette, une armature.
Les mathématiques sont le squelette de l'ombre. (=théorie)
Ce que Dieu a bien pu écrire reste un mystère.
Toute représentation du réel est abstraite.
Certes, les systèmes du monde finissent par échouer, mais ils incarnent un grand rêve de l'homme, écrit sur une toile de Pénélope qui toujours se défait et toujours recommence.
Qu'est-ce que la relativité restreinte ? C'est l'invariance des lois de la physique par rapport au groupe de Lorentz.
Qu'est-ce que la relativité générale ? C'est le passage d'un mouvement uniforme global de vitesse, partout égale, à un mouvement accéléré, qui n'est uniforme que dans de petits intervalles d'espace et de temps.
Toute théorie a un champ d'action plus limité qu'on ne voudrait le croire.
Il est loin, le temps de la simplicité logique !
Cette idée est, pour l'heure, un rêve qui se résume en quelques formules, dont nul ne sait si elles sont vraies.
Auteurs cités
ALPHONSE X DE CASTILLE : Si Dieu m'eût consulté lorsqu'il créa l'Univers, tout aurait été dans un ordre meilleur et plus simple.
GALILEO GALILEI : Le livre de la nature est écrit en langage mathématique.
EINSTEIN : Dieu est subtil, mais il n'est pas méchant.
Je dois ressembler à l'oiseau du désert, l'autruche, qui sans cesse cache sa tête dans le sable relativiste pour ne pas faire face aux méchants quanta.
C'est ainsi que je suis devenu un adepte fanatique de la méthode de la simplicité logique.
LOUIS DE BROGLIE : Seul a une réalité physique le déplacement d'éléments localisés dans l'espace au cours du temps.
C'est une admirable construction intellectuelle mais pour ce qui est de la physique, c'est une pyramide qui repose sur le sommet.
(en parlant de la relativité générale)
DIRAC : Il est plus important de trouver la beauté dans les équations qu'on écrit que de trouver leur concordance avec l'expérience.
Le passage de la mécanique classique à la mécanique quantique s'obtient simplement en réécrivant les équations de la mécanique classique dans une algèbre non commutative.
WEYL : Tous les nombres quantiques, à l'exception du nombre quantique dit principal, sont des indices caractérisant des représentations de groupe.
HERTZ : Ces formules mathématiques ont une existence indépendante et une intelligence propre, elles en savent plus que nous.